Dieu, nous le savons, c'est le mot le plus chargé de tous les mots humains ! Le plus débattu, défini, dénaturé, instrumentalisé, sali, trahi, etc. Comment s'y retrouver quand sa seule existence ne peut ni être prouvée ni être infirmée?
Dans l'approche d'une science de l'existence, il convient de l'aborder par un autre biais, par une fonction, autrement dit par ce qu'il est censé apporter. Nous dirons ainsi avec Maurice Bellet qu'il sera l'ineffable:
Dépasser nos légendes et nos projections au ciel: C'était pour Einstein une nécessité.
“Je ne peux pas imaginer un Dieu qui récompense et punit l’objet de sa création. Je ne peux pas me figurer un Dieu qui réglerait sa volonté sur l’expérience de la mienne. Je ne veux pas et je ne peux pas concevoir un être qui survivrait à la mort de son corps. Si de pareilles idées se développent en un esprit, je le juge faible, craintif et stupidement égoïste.” (Albert Einstein, Comment je vois le monde / 1934).
« Le Dieu Juif [..] est la tentation de fonder la morale sur la crainte, une attitude déplorable et dérisoire » « Je crois au Dieu de Spinoza qui se révèle lui-même dans l'ordre harmonieux de ce qui existe, et non en un Dieu qui se soucie du destin et des actions des êtres humains. » « Il me semble que l’idée d’un Dieu à forme humaine est un concept que je ne peux prendre sérieusement. Je ne me sens pas non plus capable d’imaginer une volonté ou un but hors de la sphère humaine. » Dans une lettre adressée au philosophe Eric Gutkind, Einstein écrit : « Le mot Dieu n’est pour moi rien de plus que l’expression et le produit des faiblesses humaines, la Bible un recueil de légendes, certes honorables mais primitives qui sont néanmoins assez puériles. Aucune interprétation, aussi subtile soit-elle peut selon moi changer cela. » Einstein répondra d’ailleurs à un journaliste lui demandant s’il croit en Dieu : « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si j’y crois. »
Einstein se défiait avec raison des légendes ou des projections des faiblesses humaines au ciel. Sa religion cosmique est donc plutôt celle de cet ordre harmonieux qui régit l'univers qui devrait susciter l'admiration et l'humilité, mais surtout le courage de surmonter la servitude des désirs égoïstes humains.
La fonction Dieu dans notre vie sera alors l'opposé du chaotique et du mortifère, éloignement désiré de nos pulsions narcissiques, sadiques ou masochistes si dommageables ! Sortie aussi de l'obsession du Seul, de ce besoin de tout ramener à Soi. Le contraire de vivre en circuit fermé, de posséder pour soi: richesse, savoir, pouvoir. Et ne rien espérer de ce qui est pris / obtenu de force ou par ruse, chantage, manipulation, mystification, dette imposée, etc.
L'insaisissable toutefois ne doit pas conduire aux représentations d'un dieu pervers ou encourager à se replier sur un attentisme paresseux. La vie nous situe dans la tension entre l'utopie et la responsabilité, donc en tension aussi entre l'absolu et le relatif, l'exagération et la banalisation, le trop et le pas assez, le matériel et le spirituel, l'accueil ou le rejet de l'autre, le péché ou la grâce, la liberté ou l'aliénation, l'immanence ou la transcendance, etc. En quête d'un tiers inclus: il n'y a pas seulement la nécessité et le hasard, il y a aussi " cet Esprit intelligent et conscient qui est la matrice de tout (Max Planck)."
Pas seulement le sens, la vérité et la destinée, mais aussi la providence; toute loi, toute énergie ou matière découle de l'information qui pré-existe. Pas seulement le corps, l'esprit ou la conscience biologiquement déterminés mais aussi une Conscience cosmique en lien avec tout dans un univers holographique...
La fonction Dieu sera de nous guider vers cet Ailleurs transcendant dans un dialogue incessant qui se fait par feedback: nous informons la Source de tout ce que nous sommes à chaque seconde, et Elle nous accorde ce que nous croyons pouvoir recevoir. Ce que notre corps, notre mental et notre Conscience ont besoin.
La fonction Dieu sera point d'appui et d'interrogation, invitation et stimulation, libre consentement et apport concret, ici et maintenant et non uniquement dans un avenir rêvé ou encore dans un au-delà érotisé. La fonction Dieu ne conduira pas non plus à crucifié la vie à cause du péché en sanctifiant le néant, dans l'espoir d'un paradis...Elle sera ancrée dans anthropologie moderne - constamment revue et corrigée - et une pratique spirituelle à définir clairement en dehors d'un référentiel New Age magique ou infantile. La fonction Dieu devra aussi être compatible avec des hypothèses méta-empiriques de types scientifiques. La fonction Dieu devra surtout faire apparaître une nouvelle conscience de soi et dessiner de nouveaux projets d'existences. Elle sera un presque rien - dont on peut se passer - qui fait néanmoins la différence quand il est bien utilisé ou bien pensé ! Un presque rien donc qui peut tout changer...mais qui nous échappe toujours parce qu'il vient du futur comme un cadeau accordé en retour, comme une réponse à nos dépôts d'intentions et demandes désintéressées.
Un presque rien qui maintient le mystère, l'ineffable insaisissable tout en définissant de possibles conditions de surgissement, de possibles interactions et des gains concrets partiellement vérifiables car les résultats obtenus vont dépendre de la puissance de nos convictions intimes aux effets placébo et nocébo. Demeurera ce presque rien qui nous contraint à repenser les acquis de la modernité comme les représentations ancestrales à dépasser...Car le presque rien sera de fait un plus que nécessaire pour sortir de la puissance du chaotique toujours présent et menaçant dans les forces de la nature évidemment, mais aussi dans la barbarie humaine qui n'en finit pas de renaître de ses cendres.
Nous puiserons dans ce Presque rien, ce mystère, cet ineffable la force, le courage, le désir d'oser ce qui est tellement mieux: la compassion, l'amour désintéressé, la non-violence, le pardon, l'honnêteté, etc.
Est-il besoin d'un dieu personnel ? Car dans la métaphore de l'Univers connecté, nous sommes en lien avec la Source, l'espace-temps - mémoire qui est fondamentalement de l'information.
Comme le fait très bien remarquer Laurent Gagnebin – « affirmer que l’Éternel est une énergie et un dynamisme créateurs, est-ce pour autant prétendre que Dieu est « impersonnel » ? N’y-a-t-il pas là une confusion entre la personne et l’individu ? » Ce dernier désigne surtout notre corps-esprit biologiquement conditionné. « La personne, elle, n’est pas un être déterminé ; elle est spirituelle. Elle se crée et représente un dessein à réaliser, une liberté. On est un individu par la force des choses – celle de la nature, de l’histoire, de la société – qu’on le veuille ou non. On devient une personne ; celle-ci ne saurait exister sans la rencontre et l’amour, sans un acte inventif et créateur. La mort de l’individu, c’est sa mort naturelle; celle de la personne, c’est l’égocentrisme absolu. Nous sommes à la fois un individu et une personne. Dieu, assurément, n’est pas un individu, mais les traits retenus ici pour caractériser la personne correspondent justement à ceux que nous utilisons pour qualifier Dieu : Esprit, liberté, élan créateur, amour . » Cela suppose en réalité une approche tragi-comique de la sphère religieuse : l’autonomie du sujet n’y est pas absolue, et le réel ne se limite pas uniquement à l’immanent. Ce qui fait sens, c’est l’union de l’humain et du divin, dans une puissance d’innovation bien présente dans la métaphore de l'Univers connecté. Nous sommes cette petite bulle au milieu de la fleur de vie, notre propre univers, en lien avec Tout, l'univers infini. Il n'y a pas de quoi pavoiser puisque c'est offert à tous! Cela ne nous met pas à l'abri du malheur, ce n'est pas une protection magique ou infaillible, car la liberté de mal faire et de mal agir demeure une réalité humaine. Mais c'est une manière sensée d'aborder humblement la Vie, d'en faire l'expérience différemment.
De 1990 à 1995, le docteur R Strassman, l'un des psychiatres américains parmi les plus éminents, a mené la plus grande recherche psychédélique jamais réalisée en expérimentant sur des dizaines de volontaires la mystérieuse "Molécule de l'esprit" : le D. M. T (di. méthyl-triptamine). Avec sincérité et une rigueur scientifique exceptionnelle, le docteur Strassman relate des dizaines de récits dont l'intensité, la profondeur et l'étrangeté sont réellement saisissantes d'autant plus que beaucoup d'entre eux se réfèrent au Bardo (état intermédiaire qui va de la mort à la prochaine naissance). Cet ouvrage est aux antipodes de la scolastique partisane et figée de la nomenklatura médicale. Les hypothèses avancées qu'il présente en irriteront plus d'un, mais personne ne restera insensible aux incroyables ouvertures qui se dégagent de ces recherches sur le cerveau humain et ses potentialités insoupçonnées. Le DMT est-il cette "molécule de l'esprit" en connexion avec la fameuse glande pinéale, considérée par les Hindous comme le lieu du septième Chakra et par Descartes comme le siège de l'esprit ? Une remarquable étude aux frontières de la connaissance.
- L'expérience de Cléo: "j'ai senti le DMT entrer et il brûlait dans mes veines. Il était dur de respirer en lui. Puis les motifs ont commencé. Je me suis dit : "Que je vous traverse. " À ce moment ça s'est ouvert, et j'étais beaucoup quelque part ailleurs. Je crois que c'est alors que je suis sortie, dans l'univers - étant, dansant avec, un système stellaire. Je me suis demandé : "Pourquoi est-ce que je fais cela à moi-même ? " Et puis ça a été : "C'est ce que tu as toujours cherché. C'est ce que vous tous avez toujours cherché. " Il y eut un mouvement de couleur. Les couleurs étaient des mots. J’entendais ce que les couleurs me disaient. J’essayais de regarder dehors, mais elles disaient : "Entre". Je cherchais Dieu au dehors. Elles disaient : "Dieu est en chaque cellule de ton corps. " Et j'y pensais, totalement ouverte à cela, et je continuais de m'y ouvrir plus, et je l'ai fait entrer. Les couleurs m 'empêchaient de dire des choses, mais elles me disaient des choses, pour que non seulement j'entende ce que je voyais, mais que je le sente aussi dans mes cellules. Je dis "sentir", mais c'était comme aucun autre "sentir", plutôt comme savoir ce qui se passait dans mes cellules. Que dieu est en toutes choses et que nous sommes tous connectés, et que Dieu danse dans chaque cellule de vie, et que chaque cellule de vie danse en Dieu. Dans une lettre qu'elle envoya quelques jours plus tard, Cléo écrivait : j'ai changé. Je ne serai jamais {plus) la même. Dire simplement cela semble amoindrir l'expérience. Je ne pense pas que quiconque entend ou lit cela puisse réellement saisir ce que j'ai ressenti, puisse vraiment le comprendre profondément et complètement. L'euphorie continue dans l'éternité. Et je fais partie de cette éternité."
Une conviction intime et une expérience plus forte peuvent voir le jour: Ce dieu est en toutes choses avec qui nous sommes tous connectés, Dieu danse dans chaque cellule de vie, chaque cellule de vie danse en Dieu.
L'intuition d'une réalité plus vaste:
En voici la raison. Un maître a dit: « Si j'avais un Dieu que je pouvais comprendre, je ne le considérerais pas comme Dieu. Si vous comprenez quoi que ce soit à son sujet, alors il ne s'y trouve pas, et en comprenant quelque chose de lui, vous tombez dans l'ignorance. »
Toutes les personnifications de Dieu sont des tentatives symboliques de saisir l'insaisissable à travers l'intuition d'une réalité plus vaste, le sentiment plus profond et plus sublime de la réalité que notre esprit peut percevoir en un lieu où tous les conflits sont résolus, la souffrance prend fin, l'unité et le bonheur sont possibles. C'est dire qu'elle contient l'espoir d'un futur heureux qui nous permette de surmonter l'avidité, la méfiance et les peurs auto protectrices. Notre cerveau nous porte naturellement vers un excès égotiste, mais il nous fournit aussi la mécanique avec laquelle il devient possible de transcender l'ego, possible de sortir d'une existence purement matérielle pour aller vers une existence spirituelle, vers un Dieu supérieur, en un lieu absolu d'unicité où tous les désirs sont apaisés.
Ainsi, toutes les personnifications de Dieu sont des tentatives symboliques de saisir l'insaisissable à travers l'intuition d'une réalité plus vaste, le sentiment plus profond et plus sublime de la réalité que notre esprit peut percevoir en un lieu où tous les conflits sont résolus, la souffrance prend fin, l'unité et le bonheur sont possibles. C'est dire qu'elle contient l'espoir d'un futur heureux qui nous permette de surmonter l'avidité, la méfiance et les peurs auto protectrices. Notre cerveau nous porte naturellement vers un excès égotiste, mais il nous fournit aussi la mécanique avec laquelle il devient possible de transcender l'ego, possible de sortir d'une existence purement matérielle pour aller vers une existence spirituelle, vers un Dieu supérieur, en un lieu absolu d'unicité où tous les désirs sont apaisés. C’est ce qu’il convient d’appeler la résonance herméneutique, différente de la résonance physique ou biologique. En se fiant à l’intuition d’une réalité plus vaste, elle développe une énergie spirituelle, différente de l’énergie physique ou psychique, mais néanmoins totalement liée aux fabuleuses possibilités du cerveau humain.
Nous retrouvons cette intuition d'une réalité plus vaste dans l'approche de Nassim Haramein d'un Univers holographique dans lequel tout est issu du vide quantique, de l'éther et tout y revient; nous y sommes reliés en permanence...
Comme l'affirme Nassim Haramein, il s'agit de réaliser que: